Mots en couleur et chasse aux mots !

Et oui, c’est la rentrée, les devoirs d’école reprennent et Noé a sa liste de mots hebdomadaire à savoir écrire ! Alors, nous ressortons la botte secrète qui avait bien fonctionné l’année dernière et reprenons nos feutres !Ils ont en amont déjà bien travaillé sur ces mots à l’école mais nous y mettons notre touche colorée !

Première étape, Noé me dicte les mots en verbalisant les difficultés de chacun et en y associant la couleur que l’on a définie ensemble peu à peu l’année dernière. Ainsi il va me dire pour écrire des coquillages : des il y a un s vert parce que c’est le pluriel, co, c’est facile à écrire donc en noir, le qu, on le met en jaune, les deux l sur « ill » en rose parce que ce sont des lettres doubles, le g en orange parce que ce n’est pas j, le e muet en bleu et on retrouve le s du pluriel toujours en vert. Donc, déjà, le fait que l’enfant décortique lui-même le mot et ce qui lui parait difficile, qu’il le fait verbalement, ça lui permet d’analyser le mot et de faire marcher sa mémoire auditive. Puis les couleurs, toujours le même code, vont bien sûr aller titiller sa mémoire visuelle. On affiche la liste à un endroit devant lequel il passe souvent (chez nous en bas de l’escalier !) et il y jette un oeil de temps en temps pendant la semaine, je lui suggère s’il n’y pense pas.

Parfois, c’est lui même qui fait ce travail et qui écrit mais je reste là de toute façon pour qu’il verbalise bien à haute voix ce qu’il fait. Je pense que c’est difficile de savoir exactement si notre enfant est plus visuel, auditif ou kinesthésique (apprendre par le mouvement) comme nous l’explique Antoine de la Garanderie alors il vaut mieux mettre toutes les chances de son côté en utilisant à la fois ces différentes possibilités !

Puis je lui dicte les mots une première fois, il dit à haute voix les remarques que nous nous sommes faites précédemment et s’il fait une erreur, je lui indique immédiatement (pas à la fin de la dictée) , on corrige tout de suite pour ne pas se mettre une mauvaise orthographe dans la tête … Et on prendra ensuite cinq minutes de temps en temps dans la semaine pour réécrire les mots car notre mémoire fonctionne beaucoup par la répétition, et si on la remobilise pour la même chose, cela s’ancre plus durablement (en principe !) . Nous profitons également des trajets en voiture (oui, à la campagne, pour aller aux activités, c’est tout de suite un peu loin !) pour essayer de se remémorer la liste de mots et Noé essaie de les épeler (mémoire auditive encore).  L’enfant peut aussi s’amuser à inventer une histoire rigolote avec ces mots (tous ou quelques uns) en étant bien sûr tout particulièrement attentifs à leur orthographe.

Je voulais en profiter pour vous parler de la chasse aux mots dans la pédagogie Freinet ! En effet, pour Noé, ce sont des listes de mots fixées à l’avance qu’il a à apprendre mais Freinet fonctionnait un peu différemment. Au fil des projets, des exposés des enfants, des intérêts du moment, certains thèmes  émergeaient. Ainsi, si plusieurs enfants ont parlé de leurs animaux, si l’un a fait un exposé sur son chat, le maître peut proposer de réaliser une chasse aux mots sur les animaux par exemple: tous les enfants vont reprendre des textes écrits ou lus en classe, ils vont farfouiller dans les livres de la bibliothèque, dans une lettre d’un correspondant … et vont essayer de trouver le plus de noms d’animaux possible. Une véritable chasse au trésor très ludique et enthousiasmante ! Pourront ensuite s’en suivre plusieurs possibilités de travaux ou d’analyses : on pourra classer les mots de façon scientifique (les oiseaux, les mammifères, les insectes …) et travailler sur ce domaine, ou faire des listes des animaux que l’on préfère, ou les classer selon leur lieu de vie … Mais on pourra aussi réfléchir sur leur orthographe et les classer selon certaines caractéristiques (oh abeille, papillon, grenouille, il y a deux  l, on entend « ill » mais dans sauterelle il y a deux l aussi, on n’entend pas le même son, pourquoi …) et de ces discussions et observations pourront naître des « règles » crées ensemble qui trouveront place dans le classeur avec d’autres règles observées précédemment. Ces règles pourront être complétées ultérieurement à l’issue d’autres observations.

Mais ces chasses aux mots ne sont pas uniquement thématiques. Si on garde l’idée du « deux l », les enfants pourront partir à la chasse aux mots qui ont deux l pour avoir de longues listes ce qui permettra de mieux en tirer des lois générales. Cela pourra aussi être une chasse aux mots de la même famille qu’un mot générique. Si on travaille la terre (argile par exemple), on pourra à un moment donné partir à la chasse aux mots de la même famille que terre : enterrer, terrestre, terreux, souterrain … Terrible aussi ? Un petit coup d’oeil du coup côté de l’étymologie ! Est ce qu’on retrouve l’idée de la terre ? Cela peut aussi être une chasse aux synonymes si les enfants, en analysant le texte d’un camarade pendant le « toilettage de textes » comme on fait chez Freinet, ont remarqué que le mot « dit » revenait tout le temps. Et les enfants souligneront peut-être que c’est aussi une difficulté pour eux ! Alors chasse aux mots dans les texte : s’exclame, déclare, répond, chuchote … Et là aussi tout un travail de tri, de classement selon le sens de ces mots peut être effectué.

Chez Freinet, on aime lier coopération, recherche, centres d’intérêt, plaisir, créativité , bref , des enfants actifs et vivants !

(Age au moment de l’activité : Noé, 7 ans et demi)

Pour découvrir d’autres activités autour de l’écrit, cliquez ici

Pour découvrir d’autres articles sur les pédagogies alternatives (Freinet et les autres), cliquez là.

Et pour découvrir d’autres activités en lien avec les pédagogies alternatives autour de la lecture, écriture, vocabulaire, orthographe ou grammaire, vous pouvez vous procurer « Lire et écrire, apprendre avec les pédagogies alternatives » !  Et bien sûr le grand guide pour mieux connaître les pédagogies alternatives.

Vous trouverez d’autres idées d’activités inspirées par les pédagogies alternatives dans mes autres livres écrits avec Madeleine Deny :  compter et calculer apprendre avec les pédagogies alternatives et  mes tout premiers apprentissages avec les pédagogies alternatives !

 

11 commentaires sur « Mots en couleur et chasse aux mots ! »

  1. J ai appris ce système de couleurs lors d1 stage chez des religieuses et l ai reproduit pour des adultes turques …mais j ai fini par m y perdre étant la seule à utiliser les couleurs, mes absences effaçant leur apprentissage par un autre système.
    Age de Noe’? le mien a 3ans et n aime pas du tout son entrée à l école, donc l aider à s intégrer mais comment, très peu de retours.

    J’aime

    1. Noé a 7 ans et demi . Oui, c’est sûr, nous avons utilisé ces couleurs toute l’année plusieurs fois par semaine donc il avait les couleurs bine en tête (en plus c’est lui qui les choisissait avec moi) et cela faisait sens ! Pour ce qui est de votre petit, il faut parfois un peu de temps aux enfants pourquoi r s’habituer à la vie de l’école, cela fait beaucoup de changements tout ça ! Donc beaucoup d’écoute, essayez de lui faire exprimer ce qu’il n’aime pas à l’école , et vous même, essayez d’être positif vis à vis de l’école, dites lui « amuse toi bien, bonne journée » avec un grand sourire pour qu’il sente que vous avez confiance. Mais parallèlement, n’hésitez pas à aller voir rapidement l’enseignant pour en discuter avec lui !

      J’aime

  2. Moi qui suis plutôt visuelle, cette méthode avec les couleurs me parle bien. Je l’essayerai avec ma fille qui sera en CP l’année prochaine. Est ce que tu pourrais expliquer un peu plus en détail comment vous avez procédé toi et Noé pour définir ce qui est une difficulté et ce qui n’en est pas ? Par exemple, le ‘c’ peut se prononcer k ou s, mais il n’y a pas de couleur pour cette lettre dans coquillage. Je vois aussi bouche avec le ‘ou’ et le ‘ch’ qui est écrit tout en noir (sauf le ‘e’ final). Tu as peut-être déjà écrit un article dessus, mais je n’ai pas trouvé…
    Merci en tout cas pour tes différents partages

    J’aime

    1. En discutant avec Noé. S’il est sûr de l’orthographe d’une partie du mot, on le laisse en noir. Et aussi en fonction de la probabilité . Par exemple, pour le son [z] , il y a de grandes chances que cela soit la lettre s. Donc je laisse en noir si c’est s et je mets avec la couleur qu’on a décidée ensemble si c’est un z. Mais si je vois qu’il hésite où se trompe. On le met en couleurs . Le son [k], pareil, la plupart du temps c’est un c donc je le laisse en noir et je mets en couleurs quand c’est qu ou k. Et j’explique à Noé que s’il a un doute, ce n’est pas très pertinent d’essayer en premier avec le k par exemple. Tu me suis ? 😜

      J’aime

      1. Ah merci pour ta réponse, c’est plus clair. Autre question : pour le visuel ou l’auditif, je pense que je vois à peu près puisque c’est bien décrit dans l’article. Par contre je n’arrive pas à me représenter cette activité sous une forme kinesthésique… 🤔
        Il faudra que je repense à cet article l’an prochain, quand elle sera en CP. En attendant, je vais lui proposer l’activité de l’article « entrée dans la lecture » pour voir un peu où elle en est. J’ai l’impression que l’encodage est encore difficile pour elle, et j’ai l’impression que le décodage est plus facile, d’une maniere générale… à voir ! Bonne soirée.

        J’aime

      2. kinesthésique, c’est tout ce qui a trait au mouvement, au corps, aux sens. Donc déjà apprendre en écrivant, c’est kinesthésique. Mais sinon en manipulant des lettres en bois, en touchant les lettres rugueuses, en faisant des lettres avec de la pâte à modeler, en écrivant des lettres dans de la semoule, en les mimant avec son corps, en écrivant par terre à la craie et en marchant dessus, en écrivant en l’air avec son doigt en faisant de grands mouvements, en reconnaissant des lettres qu’on trace avec le doigt dans le dos, etc ! pour encodage/décodage, ça dépend des enfants. Certains encodent très bien mais sont incapables de lire un mot, d’autres ça peut être l’inverse, donc pas de soucis, juste la suivre!

        J’aime

  3. hum bonne idée!! J’en parlerai aux garçons! En CM1 on est passés à 50 mots… ouch. mais pour les mots qui posent pb ca me parait une méthode interessante! et puis comme tu le rappelles… la répétition fixe la notion. Alors oui s’y mettre à l’avance et y revenir un petit peu tous les jours il n’y a que ça de vrai!

    J’aime

Répondre à activitesmaison Annuler la réponse.