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Petite sirène, Reine des neiges et autre vilain petit canard

Pour préparer notre voyage au Danemark et en Suède, nous avons, comme je vous l’ai dit, lu des livres sur les vikings mais aussi découvert de nombreux contes, notamment ceux du grand écrivain danois Andersen. Contrairement aux frères Grimms ou à Charles Perrault, il ne réalise pas des réécritures et compilations de contes traditionnels et populaires mais crée des contes originaux. Il a écrit environ 160 contes mais nous en avons découvert une quinzaine. Nous avons des petits livres (de mon enfance ou achetés aux éditions Auzou, Lito ou cerf volant) où l’on retrouve séparément les contes les plus connus : la petite sirène, le vilain petit canard … Le texte est très généralement raccourci et simplifié mais l’histoire reste fidèle à l’original. Nous avons aussi deux recueils qui eux ont le texte original : Contes d’Andersen de Gründ avec de grandes et belles illustrations et le petit poche « Poucette et autres contes »

Je vous présente ceux que l’on a découverts ! Commençons bien entendu par le plus connu, la petite sirène. Si vous avez la version Disney en tête, vous vous en doutez, elle a été bien édulcorée. Notre petite sirène ne rêve que d’une chose, découvrir le monde des humains à la surface. Mais elle doit attendre d’avoir 15 ans. Quand elle a enfin l’âge d’y aller, elle tombe sous le charme d’un beau prince sur un  bateau. Mais celui-ci fait naufrage et manque de se noyer. La petite sirène le sauve, le dépose sur la berge et se cache. Quand il ouvre les yeux, c’est une autre jeune fille s’étant précipitée qu’il voit et bien sûr en tombe amoureux. La petite sirène va voir la sorcière des mers qui en échange de jambes à la place de sa queue de poisson  lui prend sa belle voix (elle sera donc muette) et chaque pas lui causera une immense douleur. Et, ultime sortilège, si l’homme qu’elle aime épouse une autre femme, la petite sirène se changera en écume. Elle retourne dans le monde des hommes, revoit le prince qui se lie d’amitié avec elle mais rêve toujours de l’autre jeune fille qu’il revoit et décide d’épouser. (j’essaye de faire court !). La sorcière et ses soeurs lui donnent un couteau pour tuer le prince afin de ne pas mourir elle-même. Mais elle ne peut se résoudre à ce crime et lance le couteau au loin.

Pour récompenser sa belle âme, les filles de l’air, créatures immortelles, la transforment en l’une d’entre elles.

Donc ça, on oublie ! Désolée, le prince n’a jamais été amoureux de la petite sirène et pas de happy end, même si elle échappe à la mort !

Une autre reprise de Disney, la reine des neiges bien sûr, mais alors là, il n’y a pratiquement aucun point commun avec le conte original, à part la présence d’une reine des neiges et le fait que cela soit situé dans un pays du froid ! Pas d’Anna, pas d’Elsa, pas de soeurs. Juste une petite fille, Gerda et son petit voisin et meilleur ami Kay. Ces deux -là s’aiment beaucoup et passent leur temps ensemble ! Mais un jour, le diable casse son miroir déformant en mille morceaux et des éclats viennent se ficher dans les yeux et le coeur de Kay. Gerda découvre avec stupeur et une grande tristesse que son ami ne voit plus la beauté du monde, et devient égoïste et froid.

Un jour, une belle dame au grand manteau blanc arrive dans son magnifique traineau et Kay se trouve entraîné, le traîneau allant de plus en plus vite. La reine des neiges le prend avec elle dans son manteau de fourrure et l’embrasse sur le front, ce qui lui glaçe tout le coeur. On suit ensuite les aventures de Gerda qui part à la recherche de son ami dans un long périple dans un jardin, puis chez une princesse et une corneille, elle rencontre des brigands et finalement arrive en Laponie, au château de la reine des neiges. Elle y découvre Kay complètement gelé. Mais ses larmes réchauffent le coeur du garçon et fontnpartir l’éclat de miroir. Kay se met lui aussi à pleurer et les éclats dans ses yeux partent également. Is rentrent chez eux, heureux.  C’est un long conte en plusieurs parties, pas forcément très simple à lire, mais l’histoire est belle et totalement différente du Disney, à découvrir donc !

Donc Anna, Elsa, Kristof et Olaf, ben … y’a pas du tout dans le conte d’Andersen …

Et la reine des neiges … ben elle est pas gentille du tout !!!

Je vais vous résumer brièvement les autres contes d’Andersen que nous avons découverts (ou redécouverts) :

L’histoire du vilain petit canard est bien connu, je ne vais donc pas m’étendre plus que ça !

Un petit caneton bien différent de ses frères est rejeté par tous. Il fuit et est bien malheureux. Il admire et envie les beaux cygnes qu’il rencontre jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est lui même devenu un beau cygne.

Un petit soldat de plomb qui n’a qu’une seule jambe car il n’y avait pas assez de plomb pour fabriquer la deuxième vit chez un petit garçon avec d’autres jouets et est amoureux de la petite danseuse de papier.

Mais un jour, le petit garçon le pose sur le rebord de la fenêtre et le soldat tombe dans le caniveau, les égouts puis la rivière, se fait manger par un poisson, pêché … Et miracle, le poisson est acheté par la bonne de la famille ! Il retrouve sa place auprès de ses amis les jouets !

Mais le petit garçon sur un coup de tête jette le soldat dans le poêle. Un courant d’air fait s’envoler la danseuse directement dans le feu également. Le matin, il ne reste dans les cendres qu’un tas de plomb fondu en forme de coeur et la paillette du vêtement de la poupée toute noircie … Oui, je sais, pas gaie comme histoire !

Un empereur vaniteux et un peu niais se fait ridiculiser par deux escrocs malins !

Ils lui confectionnent un habit somptueux demandant fils d’or et pierres précieuses pour l’orner, spécifiant que l’étoffe est magique et qu’elle est invisible aux imbéciles. Bien évidemment, il n’y a nulle étoffe mais personne n’ose rien dire de peur qu’on ne le prenne pour un idiot et tout le monde s’extasie devant la beauté de l’ouvrage !

Pendant le défilé, seul un petit garçon osera dire : mais il est tout nu ! Ce qui entrainera peu à peu l’hilarité générale !

C’est une histoire qui a beaucoup intrigué Firmin car il avait du mal à comprendre si les gens voyaient ou ne voyaient pas le tissu et surtout pourquoi si on ne voyait rien on s’extasiait devant … Alors il m’a demandé, encore et encore, de lui relire cette histoire, sans doute pour essayer de se l’approprier et de mieux la comprendre ! Firmin fonctionne souvent comme ça, il aime la répétition. Les jeunes enfants demandent souvent qu’on leur redise la même histoire, et ce n’est pas pour rien ! Ils sont contents de retrouver des éléments connus qui leur plaisent mais surtout c’est un moyen de s’emparer de son contenu !

La petite fille aux allumettes est une histoire bien triste mais qui permet à l’enfant de faire preuve d’empathie et de se rendre compte que tout le monde n’a pas la chance d’avoir une maison bien chauffée et un bon repas sur la table …

Un soir de Noël, la petite fille tente de vendre dans la rue quelques allumettes aux passants. Elle a tellement froid qu’elle finit par en craquer une pour se réchauffer et elle croit voir un grand feu de cheminée qui la réchauffe. Une autre et elle voit une table chargée de victuailles. Une troisième et c’est le visage de sa douce grand-mère décédée quelques temps auparavant. Elle enflamme alors toutes ses allumettes dans la peur de voir disparaître cette image et elle sent sa grand-mère qui la prend avec elle. Le lendemain, on retrouvera son petit corps gelé au milieu d’allumettes noircies. Je vous avais dit que ce n’était pas gai …

Le conte très court de la princesse au petit pois ! En plein déluge, une princesse trempée arrive dans un château .

Le prince qui cherche à se marier tombe sous son charme mais la reine, perplexe devant son allure boueuse et déguenillée, veut vérifier qu’il s’agit bien d’une vraie princesse à la peau si sensible. Elle la fait donc dormir sur vingt matelas et vingt édredons, en ayant caché un petit pois tout en dessous. Le lendemain matin, la jeune fille se réveille en se plaignant d’avoir affreusement mal dormi car quelque chose de dur la blessait dans son lit ! C’est donc bien une vraie princesse, mariage, beaucoup d’enfants et compagnie !

Poucette est un conte que je connaissais moins. Poucette est une toute petite demoiselle dormant dans une coquille de noix.

Un jour, elle se fait enlever par la grenouille afin qu’elle épouse son fils. Elle est bien malheureuse mais arrive à s’échapper. Mais alors que l’hiver arrive et qu’elle ne trouve plus rien à manger, une souris lui propose de venir chez elle en échange de quelques services. Elle sympathise avec son voisin la taupe qui finit par la demander en mariage. Elle n’ose pas refuser mais est bien triste de devoir vivre sous terre. Mais son amie l’hirondelle la fait sortir de là, lui fait faire connaissance  avec le charmant  petit roi des fleurs aux ailes transparentes qu’elle accepte avec joie d’épouser.

Et ma petite chatte Gaïa se joint à moi pour vous présenter d’autres contes présents dans ce livre!

Le conte du Rossignol de l’empereur nous parle d’un petit oiseau pas très joli mais au chant somptueux. L’empereur le fait venir à la cour, le place dans une cage dorée et tout le monde s’extasie. Mais un jour, l’empereur de Chine lui fait parvenir un splendide oiseau automate incrusté de diamants et chantant merveilleusement bien. Toute l’attention se porte sur lui et personne ne se rend compte que le véritable petit rossignol s’est envolé. Mais un jour, la belle mécanique se brise et l’on ne peut plus entendre le chant du rossignol. L’empereur tombe malade, il est sur le point de mourir de chagrin. Alors, le petit rossignol retourne voir l’empereur et son chant le guérit, mais il ne veut plus être enfermé, il viendra chanter quand il le souhaite et lui raconter les nouvelles de tout le pays, lui chanter les histoires des pêcheurs, ceux qui sont heureux et ceux qui souffrent, tout ce qui est caché habituellement à l’empereur.

Le briquet est une des histoires d’Andersen la plus connue au Danemark alors qu’elle est presque inconnue chez nous.

Un soldat croise un jour une vieille dame – une sorcière – qui lui demande un service : aller chercher un briquet dans cet arbre creux. Elle lui donne son tablier à carreaux et lui explique qu’il trouvera au fond de l’arbre des chiens énormes (aux yeux grands comme des soucoupes, grands comme la roue d’un moulin et le troisième grands comme la tour ronde de Copenhague) gardant des coffres pleins de pièces de cuivre, d’argent et d’or.

Il posera les chiens sur le tablier et pourra alors se servir autant qu’il veut de pièces mais devra rapporter le briquet. C’est ce qu’il fait. En remontant, il exige de savoir ce que la vieille femme fera de ce briquet mais elle refuse, alors il la tue . (Oui, expéditif le garçon …) . Il mène alors une riche vie, dépensant tout son argent jusqu’à devenir pauvre. Il utilise son briquet pour allumer une chandelle et apparait alors un des chiens lui demandant ce qu’il veut. Il lui demande bien sûr de l’argent et grâce au briquet magique sa fortune est à nouveau là. Mais un jour, il demande au chien de voir la belle princesse qui est cachée dans son château. Le lendemain, la jeune fille raconte qu’elle a rêvé d’un soldat qui venait l’embrasser. On la fit donc surveiller et après plusieurs stratagèmes, le soldat est attrapé, emprisonné et condamné à mort. Il demande une dernière volonté : fumer la pipe. En battant son briquet, les chiens apparaissent, sautent sur les juges et le roi, les lancent en l’air jusqu’à ce qu’ils se brisent en mille morceaux. Le soldat épouse la princesse, devient le roi ! Et c’est la fin de cette histoire parfaitement immorale !

La bergère et le ramoneur sont deux petits personnages en porcelaine placés sur une petite table. Ils sont amoureux mais le vieux Chinois qui hoche la tête l’a promise en mariage à l’affreux faune sculpté sur la grande armoire.

Les deux petits amoureux décident de s’enfuir. En essayant de les rattraper, le vieux Chinois tombe et se casse. Le petit ramoneur fait passer la bergère par la cheminée, et sur les toits ils admirent le vaste monde. Mais la bergère est effrayée , tout est trop grand pour elle, elle veut retourner dans la maison. Le ramoneur accepte par amour pour elle. Ils retournent sur la petite table. Le chinois est recollé mais ne peut plus hocher la tête. Il ne peut donc plus répondre au faune, le « sergentmajorgénéralcommandantenchefauxpiedsdebouc » qui continue à réclamer la main de la bergère.

Les fleurs de la petite Ida m’était totalement inconnu. Ida est toute triste car ses fleurs sont fanées. Un jeune homme lui explique que c’est parce qu’elles ont dansé toute la nuit dans le château du Roi et qu’elles sont fatiguées. Il lui raconte aussi que les papillons sont des fleurs qui se sont arrachées de leur tige et comment les fleurs parlent entre elles en faisant des gestes. Le conseiller passant par là est furieux que l’étudiant raconte de telles sottises à la fillette mais Ida aime rêver à ces fleurs.  Le matin, elle va enterrer ses fleurs fanées.

On retrouve la plupart des contes dont on a parlé dans ce recueil, plus d’autres que je ne connaissais pas du tout :

La malle volante parle d’un jeune homme ayant dilapidé toute sa fortune et qui n’a plus qu’une malle, mais plus rien à y mettre dedans.  Il rentre à l’intérieur de la malle et celle-ci se met à s’envoler. Il va jusqu’au château d’une princesse, se fait passer pour un dieu et demande à l’épouser. Pour convaincre ses parents, il doit leur raconter des histoires amusantes. Le mariage est décidé, le héros fait tirer un feu d’artifice pour impressionner ses futurs beaux parents mais une étincelle met le feu à  sa malle … Il ne peut plus retourner auprès de sa fiancée …

Ce que fait le vieux est bien fait : La vieille envoie son homme vendre ou échanger leur cheval. En route pour le marché, il l’échange contre une vache, qu’il échange contre un mouton, le mouton contre une oie, l’oie contre une poule, la poule contre un sac de pommes gâtées. S’arrêtant à l’auberge, il pose le sac de pommes contre le poêle et les pommes commencent à cuire. L’odeur intrigue deux riches anglais qui se trouvaient là. En entendant le récit des échanges, ils prédisent au bonhomme une bonne raclée à son retour. Le vieux proteste, il prétend qu’il sera récompensé par des baisers. Les anglais parient un boisseau d’or. Tous trois se rendent chez le vieux. A mesure du récit des échanges, la vieille félicite son mari et, finalement l’embrasse. Les deux anglais leur laissent de bon coeur un plein boisseau d’or.

Jean le Nigaud : Deux frères vifs et savants veulent demander la main de la fille du Roi. Le troisième frère, surnommé Jean le Nigaud, veut s’y rendre aussi. Son Père se moque de lui, et refuse de lui confier un cheval. Le Nigaud s’y rendra donc sur le dos d’un bouc. Mais c’est bien lui qui saura faire rire la fille du Roi et qui va l’épouser !

Petit Cluass et Grand Clauss : Grand Claus est une brute épaisse qui possède quatre chevaux, petit Claus est, lui,  un brave garçon qui n’a qu’un cheval. Mais lorsqu’il laboure, petit Claus ne peut s’empêcher de crier : Hue ! mes quatre chevaux, ce qui indispose Grand Claus. Grand Claus tue le cheval de petit Claus qui garde la peau de l’animal pour s’en faire un sac. Petit Claus est ainsi réduit à la misère. Il erre et découvre une ferme où la table est royalement servie et où la femme du fermier s’apprête à dîner avec le sacristain, en l’absence de son mari. Petit Claus demande un abri, mais la fermière, peu disposée à gâcher sa soirée le met à la porte.Il se cache dans la grange. Mais soudain, on entend le mari arriver ! Vite, la fermière range dans le four les bons plats et elle enferme son amant dans un coffre. Lorsque le mari entre, petit Claus fait craquer son sac en peau de cheval et le mari déclare : -Il y a quelqu’un là-haut. Petit Claus descend de son refuge et dit : en effet, me voici. Le mari se plaint alors de la frugalité du repas. Petit Claus fait craquer son sac et déclare que le génie du sac lui a indiqué qu’il y avait de bons plats dans le four. Le fermier est émerveillé par ce sac magique, d’autant plus que le génie du sac dit qu’il y a un diable dans le coffre. Le fermier découvre alors le sacristain caché. Le fermier est prêt à payer très cher le sac magique, ce qu’il fait. Petit Claus s’en va avec un sac d’argent, une brouette, et le coffre dans lequel est caché le sacristain dont il débarrasse le fermier.Arrivé au milieu d’un pont, petit Claus dit tout haut que le coffre est trop lourd à porter et qu’il va le jeter dans la rivière. Pour prix de sa vie, le sacristain offre un autre sac d’argent à petit Claus qui va maintenant rouler dans la farine son ennemi Grand Claus. Il lui fait croire successivement : qu’il va devenir riche avec la peau de ses quatre chevaux morts. Furieux, Grand Claud revient pour tuer petit Claus et petit Claus lui fait croire qu’il est mort, puis qu’il a tué sa grand-mère (alors que le petit veillait la morte avant l’enterrement). Il pousse grand Claus à tuer sa propre grand-mère. Pour finir, petit Claus feint d’avoir été noyé par grand Claus, et il ressurgit de la rivière avec un troupeau de vaches qu’il prétend avoir trouvé tout au fond.Grand Claus plonge alors. Et se noie.

Vous l’aurez compris, tous les contes ne sont pas pour les plus jeunes, un peu de tri s’impose ! Mais c’est passionnant de découvrir ces textes dans leur version originale !

 

Mais en plus du Danemark, nous sommes aussi allés faire un tour en Suède ! Je vous ai déjà parlé de cette drôle de petite fille Fifi Brindacier, héroïne de la littérature suédoise à ne pas louper !

Un autre petit héros suédois, Nils Holgersson. Nous connaissions son image puisque nous avons un mobile fabriqué dans les ateliers de l’Arche.

Mais nous ne connaissions que vaguement son histoire. Ici, la version originale à lire pour les plus grands :

Et là une version simplifiée pour les petits :

Nils est un petit garçon pas très sympa, insolent, cruel avec les animaux … Un jour, il attrape un lutin et celui-ci le punit en le rendant aussi petit que lui.

Nils se cache, mais le jars de la ferme veut s’envoler avec les oies sauvages. Nils essaie de le retenir en s’accrochant à lui mais il a oublié qu’il était petit et se retrouve dans les airs. S’en suit un grand voyage autour de la Suède vers la Laponie qui nous permet de découvrir les différents paysages et villes du pays. Le petit garçon va apprendre l’empathie et la solidarité avec les oies et reviendra chez lui après un long périple bien plus sage et respectueux des autres.

Ecouter des histoires, avec ou sans les images, une bonne façon de se préparer à la lecture en emmagasinant du vocabulaire, en s’enrichissant d’une autre culture, en étant en empathie avec les personnages, en vivant des aventures étonnantes et en se représentant dans sa tête les scènes évoquées. Et on peut, comme Firmin, écouter plusieurs fois dans la semaine la même histoire pour bien s’en imprégner et la comprendre, comme ils font dans les jardins d’enfant Steiner par exemple!

Vous trouverez d’autres idées d’activités inspirées par les pédagogies alternatives dans mes livres écrits avec Madeleine Deny : le grand guide des pédagogies alternatives , lire et écrire apprendre avec les pédagogies alternatives, compter et calculer apprendre avec les pédagogies alternatives et  mes tout premiers apprentissages avec les pédagogies alternatives !

Fifi Brindacier, joie, rebellion et apprentissages informels !

Etant donné que nous avions décidé de passer quelques jours en Suède ce mois de juillet, il était inconcevable de passer à côté de Fifi Brindacier ! J’avais un souvenir un peu vague de la série télé que j’avais finalement assez peu vue, alors j’ai acheté le roman d’origine écrit par Astrid Lindgren pour qu’on le lise ensemble. Et effectivement, on a vu souvent des livres sur la petite héroïne lorsque nous étions en Suède ! Là bas, elle s’appelle Pippi Längstrump ( on comprend pourquoi le traducteur a préféré le prénom de Fifi ^^). En deux mots, Fifi est une fillette orpheline espiègle et libre qui vit seule dans sa maison de manière complètement anticonformiste, avec son singe et son cheval.

La première choses qui frappe à la lecture de ses aventures, c’est la joie de vivre de cette petite fille !

« Ah ! La vie est tout de même formidable ! s’écria Fifi en étirant les jambes. » 

La moindre petite chose la met en joie, la vie est toujours belle pour Fifi ! Elle sait s’enthousiasmer et voir la beauté partout autour d’elle !

Elle est aussi curieuse et ouverte sur le monde, son activité favorite étant d’ailleurs d’être une chercheuse de choses, comme elle dit :

« Le monde est rempli de choses qui n’attendent que d’être trouvées.

– Oh mais quel genre de choses ? insista Annika.

– Oh ! Toutes sortes de choses ! Des pépites d’or, des plumes d’autruche, des rats crevés, des pétards, des vis minuscules, des clous … »

Fifi poussa un cri strident.

-Quel coup de pot ! s’écria-t-elle en soupesant une vieille boîte en fer blanc toute rouillée. Quelle merveille ! On n’a jamais assez de vieilles boîtes » 

Et cette boîte deviendra peut être nous dit Fifi une boîte à gâteaux, un chapeau ou tout autre chose ! Et peu après :

« C’est vraiment mon jour de chance aujourd’hui ! Cette petite bobine est mignonne à croquer ! Parfaite pour souffler des bulles de savon ou pour faire un collier »

En lisant les histoires de cette petite Fifi, j’ai été surprise de retrouver bien des idées des différentes pédagogies alternatives !

Cette boîte, cette bobine qui vont servir dans des bricolages, des jeux, des créations, cela fait bien sûr penser à la pédagogie Reggio ! Utiliser des objets de récup ou de la nature pour des installations, des expériences, des inventions … Ca ressemble quand même pas mal aux loose parts ça !

« (…) un énorme secrétaire muni d’une foule de petits tiroirs. Fifi les ouvrit et montra à Tommy et Annika tous les trésors qu’elle y cachait. Il y avait d’extraordinaires œufs d’oiseaux, des coquillages et des pierres étranges, de magnifiques petites boîtes, des miroirs en argent, des colliers de perles (…) »

Ah ben voilà, on y est à nos loose parts !!!

Et puis bien sûr, l’importance de la nature et de vivre à l’extérieur, et aussi de laisser aux enfants la possibilité de prendre des risques, de bouger, de grimper … de ne pas les laisser dans un cocon, comme c’est le cas pour ses deux petits amis et voisins, Annika et Tommy.  …

« Il y avait également pas mal d’arbres fruitiers et, ô merveille, quelques chênes et ormes centenaires, parfaits pour ceux qui adorent grimper aux arbres. Par contre, le jardin de Tommy et Annika ne regorgeait pas d’arbres de ce genre. Leur maman avait trop peur qu’ils ne tombent et se blessent. C’est pour cela qu’ils n’avaient guère l’habitude de grimper aux arbres. »

Fifi a également une imagination débordante, et adore inventer toutes sortes d’histoires abracadabrantes, tout en ayant parfaitement conscience de l’irréalité de ce qu’elle dit !

« -Est-ce qu’il a des oreilles extraordinairement longues qui lui tombent sur les épaules ?(…) Non … un homme avec des oreilles aussi grandes, ça n’existe pas. Ca serait complètement absurde. Tu imagines un peu ? On ne peut pas avoir des oreilles aussi grandes, du moins … pas dans ce pays, ajouta Fifi, après un moment de réflexion. En Chine, c’est une autre affaire. A ShangaÏ, j’ai vu un chinois avec des oreilles si grandes qu’il pouvait s’en servir comme imperméable. Quand il pleuvait, il se cachait sous ses oreilles, bien au chaud et à l’abri… »

Cela me fait penser aux histoires farfelues écrites par Gianni Rodari, qui intervenait auprès des enfants des écoles Reggio avec sa « grammaire de l’imagination« .Partir d’une situation de départ complètement dingue et imaginer l’histoire qui peut en découler … Exactement comme fait Fifi ici ! On peut penser aussi aux enfants des écoles Freinet qui écrivent des textes libres, quand ils en ont envie, qui peuvent être un récit d’un événement qui leur est arrivé ou au contraire une histoire complètement inventée !

Et puis, un texte qui fera plaisir aux personnes pratiquant l’IEF :

« – Mais tu te rends bien compte qu’il faut que tu ailles à l’école.

– Et pourquoi devrais-je aller à l’école ?

– Pour apprendre des choses, voyons.

– Quel genre de choses ?

– Plein de choses utiles, les tables de multipliccation par exemple.

– Je me suis bien débrouillée sans tables de multiplication pendant des années. Et j’ai bien l’intention de continuer comme ça.

-Allons ! Pense un peu combien c’est triste de ne rien savoir. Imagine quand tu seras grande et quand quelqu’un te demandera par exemple comment s’appelle la capitale du Portugal. Tu ne connaîtras pas la réponse.

– Mais je la connais. Si on me pose la question, je répondrai : « Si vous tenez tellement à savoir comment s’appelle la capitale du Portugal, vous n’avez qu’à écrire directement au Portugal !

– D’accord. Mais ne trouves-tu pas que ce serait mieux si tu le savais toi-même ?

C’est bien possible. Il se peut tout à fait que je passe des nuits blanches à me demander : « Nom d’une pipe, comment s’appelle donc la capitale du Portugal ? » Mais dans ce cas, on ne s’amuse plus tout le temps, répondit Fifi en marchant sur les mains. Et puis, je suis déjà allée à Lisbonne avec mon papa, reprit-elle la tête en bas – car elle savait aussi parler dans cette position. »

Et oui, bien sûr on peut apprendre mille choses en dehors de l’école ! (je précise, mes enfants vont l’école 😉 ) Fifi nous dit que l’on peut apprendre par les événements de la vie, les rencontres, les voyages, les diverses expériences ! On peut savoir que Lisbonne est la capitale du Portugal si l’on y est allé, si l’on a discuté avec un voisin d’origine portugaise, si on aime observer une carte (comme mon Noé !), si dans un livre ou un film un personnage va à Lisbonne … Et puis, si on ne sait pas la réponse, Fifi nous dit qu’on a d’autres moyens pour le savoir : on peut chercher, écrire à quelqu’un qui pourrait nous renseigner …

Elle nous dit qu’on apprend bien ce qui nous est utile, ce qui nous intéresse, ce qui nous amuse …

Elle nous dit aussi qu’on peut apprendre les pieds en l’air et pas forcément sous un bureau !

Et puis elle remet en cause la convention scolaire selon laquelle l’enseignant pose une question et l’élève y répond. C’est encore plus net dans les extraits suivants :

« Que dirais-tu d’un peu de calcul ? Une addition, par exemple. Combien font 7 et 5 ?

Fifi observa la maîtresse, l’air surprise et fâchée.

-Si tu ne le sais pas toi-même, ne compte pas sur moi pour trouver la solution à ta place ! -(…) Je te dirais que 7 et 5 font douze.

-Tu vois bien ! Tu le savais ! Alors, pourquoi me le demander ? »

« – Tommy, si Lisa a 7 pommes et si Axel en a 9, combien en ont-ils tous les deux ?

-Oui, vas-y Tommy, intervint Fifi. Et réponds-moi à ça par la même occasion : si Lisa a mal au ventre et si Axel a encore plus mal au ventre, à qui la faute et où ont-ils fauché les pommes ?

La maîtresse fit comme si elle n’avait pas entendu et se tourna vers Annika :

Gustav est allé en excursion avec ses camarades de classe. Il avait un franc en partant, il lui reste 15 centimes à son retour. Combien a-t-il dépensé ?

-Oui cria Fifi, et j’aimerais bien savoir comment il a gaspillé l’argent, s’il a acheté de la limonade et s’il s’est bien lavé derrière les oreilles avant de partir. »

Fifi est outrée que la maîtresse lui pose des questions dont elle connaît la réponse ! Elle trouve cela complètement absurde ! Et effectivement dans les pédagogies Freinet ou Decroly par exemple, ce sont les élèves eux-mêmes qui se posent des questions, mais de vraies questions en lien avec la vie quotidienne et leurs projets : combien a-t-on besoin d’argent pour acheter le bois nécessaire pour la clôture du jardin ? Ou alors, les enfants jouent à faire des « créations mathématiques » et posent par exemple de petites devinettes à leurs camarades.

A ces questions qui ont peu de sens, Fifi oppose de vraies questions concrètes !

Mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, nulle insolence chez Fifi !

Voici d’ailleurs sa réaction quand on lui reproche son comportement :

« Je me suis mal tenue, moi ? demanda Fifi étonnée. Mais, mais je n’en savais rien ! dit-elle très triste. Et Fifi avait vraiment l’air d’être la petite fille la plus triste du monde. »

Pas une enfant insolente, mais critique! A lire cet excellent article dans apprendre à éduquer : « Sommes-nous prêts à élever des rebelles? »

Alors, à quoi ressemble la journée d’une petite fille libre ? A ça !

« La journée avait été remplie de choses agréables. Fifi s’était levée de bonne heure et avait servi à M. Nilsson du jus d’orange et des croissants au lit. (…) Puis elle avait donné à manger au cheval et l’avait brossé en lui racontant quelques-unes de ses aventures en mer. Puis elle s’étais rendue au salon et avait effectué une grande peinture sur le mur. La peinture représentait une grosse dame vêtue d’une robe rouge et d’un chapeau noir. Celle-ci tenait dans une main une fleur jaune, dans l’autre un rat mort. Fifi trouvait que cette peinture décorait fort bien la pièce. Ensuite elle s’était installée à son secrétaire et avait examiné les œufs d’oiseaux et les coquillages ; elle s’était souvenue des endroits merveilleux où elle et son papa les avaient ramassés (…). Puis elle avait essayé d’apprendre la polka à M. Nilsson mais il n’avait pas voulu. Elle avait pensé un instant d’essayer avec son cheval mais, au lieu de cela, elle s’était enfermée dans son secrétaire. Elle jouait à la sardine dans une boîte de sardines. »

Participer à la vie quotidienne, s’occuper des animaux, peindre librement, observer la nature, rêver, danser, partager ses connaissances avec d’autres (ou essayer !), jeux libres d’imagination … S’exprimer avec les 100 langages de l’enfant comme à Reggio !  Un beau programme, non ? Qui peut se faire en IEF, en écoles « alternatives » mais aussi après l’école, le week end ou pendant les vacances !

Bref, allez découvrir cette attachante petite fille dans un livre très drôle !!! Le texte est facile à lire, à partir de 7 ans environ ( ou moins ou plus !)

Vous trouverez d’autres idées d’activités inspirées par les pédagogies alternatives dans mes livres écrits avec Madeleine Deny : le grand guide des pédagogies alternatives , lire et écrire apprendre avec les pédagogies alternatives, compter et calculer apprendre avec les pédagogies alternatives et  mes tout premiers apprentissages avec les pédagogies alternatives !